Avant-propos / Foreword
Option Solitude / Opting for Loneliness
Vertu / Virtue
Guerre / War
Information / News
Télévision / Television
Caninerie / Caninery
Raminagrobis / Raminagrobis
Je m’espionne / I Spy on Myself
Souvenirs (suite) / Memories (continued)
Informations (Pèlerinage, Réunions) / Informations (Pilgrimage, Gatherings)
Télévision
Extrait p. 196
« Mais rien n’est plus loin de vous que la télévision. Elle mutile tout. Les images et les récits qu’elle lâche dans vos maisons ne sont pas ceux que vous auriez vus et que vous raconteriez, si vous étiez les témoins libres des événements diffusés. Elle a sa sensibilité propre, qui n’est pas la sensibilité humaine de routine. La lumière de votre écran est une lueur de fantôme. Si vous oubliez ce fait et les adaptations qu’il exige en préparant vos relations avec la télévision et vos passages devant ses caméras, vous risquez de ne pas en exploiter la fantastique force vectorielle.
Cela mérite de philosopher un peu. Loin d’être ce qu’on pourrait se représenter d’un pareil miroir du monde vivant et d’un tel outil de création, l’évidente philosophie de la télévision, comme elle est pratiquée, est statique. Statique est ce qui est fixé, immobile, par opposition à ce qui fait avancer l’homme. Une autre philosophie de la télévision, dérivant de la précédente, est celle de Jivaro cannibale et réducteur de tête. La télévision plus qu’aucun média consomme et hypersimplifie tout homme, toute idée, toute espérance. »
Television
Excerpt p. 197
« But nothing is farther from you than television. It mutilates everything. The pictures and stories which it unleashes into your houses are not those that your eyes would have watched and your lips would tell, if you were the free witnesses of the events broadcasted. The television has its own sensitiveness, which is not the routine human sensitiveness. The light of your screen is a ghost’s gleam. If you forget this fact and the adaptation it calls for while preparing your dealings with the television people and you appearances before their cameras, you are liable to fail to exploit its terrific vectorial strength.
This deserves a little philosophizing. A long way from what you might imagine in such a mirror oft he living world and such a tool of creation, the obvious philosophy of television, as it is in actual practice, is static. Static is what is fixed and immovable in contrast with what presses man forward. Another philosophy of television deriving from the previous one, its that of Jivaro, cannibal and headshrinker. Television consumes and hypersimplifies every man, every idea, every expectation, more than other mass media do. »
Je m’espionne
Extrait p. 304-306
« L’âme est utopie pour des hommes dont les âmes sont mortes qui croient en un Dieu mort. Commence un autre combat, double, celui de mon âme contre le bruit du monde et contre son désespoir face au monde.
Le bien réjouit peu le monde. Comment l’âme le réjouirait-elle ? L’homme ne ressent plus ce qui réjouit et qui élève mais ce qui excite – conditionnement culturel –. Le mal électrise l’homme. Le mal lui paraît consistant, réel. Regardez-le lire un journal, écoutez-le commenter les tremblements de terre, les inondations, les cyclones, les massacres, le crime, les malversations politiques et financières et tout ce que le discours de l’instant excite sans réflexion. Ne les jaugez pas su leur voix condescendante ou indignées – théâtre de la culture – mais sur leur soif de parler de choses qui ont fait mal. La soif du bruit pourrait me gagner aussi et tuer mon âme. Me voilà parti à m’espionner de plus belle.
Cette guerre est plus difficile. Du tentateur je n’avais nul besoin, je devais m’en débarrasser tout à fait. Mais du bruit j’aurais toujours besoin d’entendre les échos, parce que je ne changerai pas le monde en ignorant ce qui s’y passe et je n’ai pas d’âme si je ne change pas le monde. (28/7)
I spy on myself
Excerpt p. 305-307
« The soul is an utopia to men whose souls are dead, who think that Go dis dead or believe in a dead God. Another struggle starts, the double struggle of my soul against the noise of the world and against its own despair in front of the world.
Good delights the world little. How could the soul delight it ? For long man has not felt what delights and elevates but what excites – a cultural conditioning-. Evil thrills man. To him evil sounds solid, real. Watch him reading a paper, listen to him commenting on earthquakes, floods, hurricanes, massacres, crime, political and financial embezzlements and all that the thoughtless speech of the day excites. Do not size them up by their condescending, indignant voices – the theatre of culture -. Size them up by their craving to talk of what did harm. The thirst for noise might creep into me alike and kill my soul. Now I am starting to spy on myself even more.
This war is harder. The tempter I did not need at all; I just had to get rid of him thoroughly. But I will need permanent inklings of the noise, because I will not be able to change the world, if I ignore what is going on throughout it – and I do not have a soul if I do not change the world ». (28/7)